Rénovation énergétique de notre pavillon de 1967, dans la zone du Peuron à Chauvigny.
Coûts, bénéfices et analyse critique :
État initial :
Pavillon de 1967, surface habitable 94 m², sur sous sol.
- Murs en brique creuse épaisseur 30 cm, non isolé
- Sol béton + hourdis terre cuite, non isolé
- Plafond béton + hourdis terre cuite, non isolé
- Fenêtres simple vitrage posées en feuillure
Chaudière fioul de 2014, puissance 25 KW (!) avec production d’eau chaude. 12 radiateurs fonte répartis à travers la maison. Une installation colossale !
Le DPE de vente indique :
- une consommation d’énergie primaire de 361 KW.h par an par m², classé F (logement énergivore)
- Une estimation des émissions de gaz à effet de serre de 108 KgEqCO2 par an par m², classé G (Forte émission de GES)
Ces résultats amènent à une consommation annuelle estimée à 33952 KW.h primaire (2444 €/an abonnement inclus) , et à une émission de GES de 10152 KgEqCO2 par an (10 tonnes !)
Les DPE, dans ces conditions, étant souvent très surévalués par rapport à la réalité, on prendra plus raisonnablement pour la suite une consommation de 2/3 de celle calculée : 22634 KW.h, soit 1629 € de fioul/an et 6,6 t EqCO2 émis
Rénovation énergétique :
La possibilité de ne pas habiter immédiatement dans la maison a permis d’envisager une rénovation énergétique totale, enveloppe complète. L’emménagement a été possible au bout d’un an.
Options choisies :
- Remplacement des menuiseries par des fenêtres double vitrage, en applique intérieure
- Isolation des murs par l’intérieur, panneaux de 120mm de laine de verre R=3.75
- Isolation de la toiture sous rampants, rouleaux de laine de verre encapsulée + soufflage vrac épaisseur 260mm R=6,5. Membrane d’étanchéité intérieure collée en périphérie.
- Isolation du sol par panneaux de mousse polyuréthane 56mm (TMS) R=2,6
- Chauffage au sol au RDC par circulation d’eau chaude, intégrée dans une chape liquide ép. 50mm
- Chauffage à l’étage par 4 radiateurs électriques à fluide caloporteur 750W
- Chauffage des 2 SDB par sèche serviette électrique à fluide caloporteur 700W
- Alimentation du plancher chauffant + production d’eau chaude par chaudière électrique à accumulation (base de système solaire combiné, avec simple échangeur). Puissance 3 x 3000W
- VMC double flux rendement 95%
Coût de la partie énergétique de la rénovation :
Remplacement fenêtres | 23632 € | |
Isolation des murs + placo | 6717 € | |
Isolation de la toiture sous rampants | 7873 € | membrane posée par nos soins, sinon +1500 € |
pose plancher chauffant + coulage chape liquide 95 m2 | 1925 € + 3049 € | calculs thermiques et pose faite par nos soins, sinon +3000 € |
6 radiateurs 750 W | 1050 € | |
Chaudière électrique à accumulation + plomberie de raccordement | 2500€ | Installation faite par nos soins, sinon +5000 € au moins |
VMC double flux | 1473 € | Installation faite par nos soins, sinon +1500 € au moins |
Total : | 48219 € |
Nota : le bilan ci dessus n’inclue pas les cloisons intérieures, portes intérieures, carrelages, etc… Il s’agit uniquement des éléments d’économie d’énergie du chantier.
Les aides obtenues sur ce chantier sont :
- Crédit d’impôts pour bouquet de travaux d’économie d’énergie : -4920 €
- Obtention d’un Eco-PTZ de 30 000 € sur 15 ans, soit 166.67 € par mois.
- TVA à 5.5% sur les fenêtres et l’isolation posées par un professionnel.
Soit une charge financière de 13299 € de fonds propres, et ensuite 166,67 € par mois pendant 15 ans
Résultats après travaux
A la différence du DPE d’achat cité en début d’article, les chiffres présentés ci dessous proviennent de relevés réels sur l’année 2019. La température réglée dans la maison est 19°C dans les chambres et 20°C dans la pièce de vie, avec des « shoots » de chaleur dans les salles de bain quand on se douche ou qu’on baigne bébé.
Le service rendu est également différent, puisque la maison fait maintenant 157m² habitables (aménagement de l’étage) et possèdes 6 vélux supplémentaires.
Le graphique ci dessous montre la consommation par usage, par mois et en KW.h :
La consommation électrique totale de l’année, dédiée au chauffage et ECS, est détaillée ci dessous :
Usage | Consommation KW.h | en euros, sans compter l’abonnement EDF base 9KW tarif réglementé (0.1587 € KW.h) |
Plancher chauffant | 3590 | 570 € |
Radiateurs étage et SDB | 1620 | 257 € |
eau chaude sanitaire (ECS) | 922 | 146 € |
Perte thermiques de la chaudière (137 W en continu) | 1172 | 186 € |
Total | 7304 | 1159 € |
Par rapport à la situation initiale :
- économie de 470 € / an sur le chauffage et eau chaude sanitaire
- Émission de 0.36 t EqCO2/an au lieu de 6,6 (division par presque 20, en tenant compte d’un kw.h électrique à 50 g. EqCO2)
- +63 m² habitables
Analyse critique
Pour dissiper toute hypocrisie, cet article analyse le bénéfice en terme de CO2 « à l’usage » de la maison. Il passe sous silence les 35 tonnes de gravats évacués de la maison pendant les travaux, le devenir de toutes les anciennes fenêtres remplacées, les très nombreuses remorques de déchets de travaux, restes de revêtement plastique des années 70, plâtre, chutes de matériaux, le tout totalement in-triable, qui ont été emmenés à la déchetterie et enterrés au Vigeant ou à Sommières-du-Clain.
A ce sujet, il faut reconnaître que les seules méthodes de construction viables à très long terme sont la construction bois et l’isolation paille, qui bénéficient de plus d’excellentes performances thermiques et de confort.
Néanmoins ces méthodes n’étaient pas adaptées pour le projet décrit ici.
De même le bilan carbone de la rénovation, qui comptabilisera l’énergie grise injectée dans la maison sous forme de matériaux d’isolation et autres, et qui doit être remboursée énergiquement, n’est pas encore réalisé.
On voit que, classiquement dans ce genre de rénovation lourde, les économies réalisées peuvent parfois ne jamais rembourser le coût des travaux. Ici les 43 000€ de travaux, à raison de 470 € d’économie /an mettront 91 ans à s’amortir 🙂
Par contre la réduction d’émissions de gaz à effet de serre est très conséquente (division par 20).
Ceci illustre l’obligation de l’état à subventionner massivement les travaux d’économie d’énergie, si on veut tendre vers un objectif bas carbone. En effet l’expérience montre que les habitants n’ont pas forcément d’intérêt économique à réaliser des travaux d’isolation complets et performants.
Cette première année de relevés a montré la déperdition thermique du système solaire combiné, qui n’avait pas été très bien appréhendé à la conception. La solution à accumulation devrait rester viable si ça permet de lisser la consommation de la maison et de ne pas générer de pic de consommation d’électricité l’hiver. Cela sera analysé dans un autre article.